Ce dimanche mettra un terme à la coupe du monde de football. Un événement qui a envahi les médias, mais aussi l’1dex et auquel je songeais, en bon petit soldat, à m’associer.
Toutefois, rien à faire, malgré tous mes efforts je ne suis pas parvenue à m’intéresser à ce qui, pour moi, est un non évènement.
Pas une once de passion pour ces matchs fussent-ils suisse ou italien. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé.
Alors, nul ne m’en voudra si je laisse à d’autres le soin de s’épancher sur ce sujet, préférant quant à moi dédier ce dimanche 13 juillet à d’autres nobles intérêts.
Il y a soixante ans, en effet, mourrait après une vie marquée par de grandes souffrances Frida Kahlo.
J’avoue que cette fantastique peintre ne cesse de me hanter depuis que j’ai visité en mai dernier la grande rétrospective de ses œuvres aux scuderie del Quirinale à Rome.
Une exposition qui s’achèvera à la fin août et qui mérite le déplacement. Grâce aux prêts de collections publiques et privées venus du Mexique, des Etats Unis et d’Europe, cette icône de la culture mexicaine est ainsi justement magnifiée.
Au passage, rappelons que Leonard Gianadda en 1998 rendait hommage au couple Frida Kahlo-Diego Riveira. Une première en Suisse puisque ces deux artistes n’avaient jamais été exposés dans notre pays.
Comme à Martigny alors, Rome associe le peintre Diego Riveira à Frida Kahlo. Un couple mythique qui s’est révélé indissociable tant dans son œuvre que dans la vie, malgré de nombreuses turpitudes.
Rappelons brièvement, quelques éléments marquant de la vie de Frida Kahlo. Tant il semble indispensable de connaître son parcours, pour bien saisir la portée de ses œuvres.
Œuvres dans lesquelles, figurent de nombreux autoportraits (55), véritables exutoires pour Frida.
Née à Mexico le 6 juillet 1907, cette artiste aura sa vie jalonnée par de graves atteintes à sa santé. Ce sera tout d’abord, une poliomyélite qui la laissera avec une jambe déformée, puis un terrible accident de circulation qui la clouera au lit pendant de longues années. Avec un bilan incroyable : transpercée par une tige de fer au niveau de l’abdomen jusqu’au vagin, pied droit broyé, jambe gauche fracturée en onze endroits, bassin et colonne vertébrale brisés.
Les suites de cette pénible histoire l’empêcheront d’enfanter. Un réel drame que l’on retrouve évoqué dans certains de ces tableaux. En mettant en scène son corps blessé, cette dernière parvient à nous faire ressentir sa douleur physique et psychique.
Du côté cœur, elle ne sera guère épargnée non plus. Diego Riveira, que le père de Frida appelait avec dédain « l’éléphant » par opposition à sa fille qualifiée de « colombe » ne se gênera pas de la tromper.
Encore une souffrance qui la poussera, elle aussi, à multiplier les expériences extraconjugales avec des hommes et des femmes.
Ce parcours douloureux engendrera chez cette femme hors du commun un engagement politique et artistique exceptionnel. « J’aimerais, disait-elle, que mon œuvre contribue à la lutte pour la paix et la liberté. »
Un bel idéal qui se trouve enrichit d’un esprit résolument optimiste.
Aussi rude fut son existence, Frida Kahlo ne cesse d’affirmer son profond désir de vivre.
Ainsi, à la suite de ce dramatique accident, écrit-elle dans son journal intime.
« De longs mois d’agonie et au bout une renaissance. Ce que mes jambes me refusent, mes mains vont me le donner : l’évasion. Je traverse le miroir, je m’éloigne de ce lit prison et je me mets à peindre, peindre, peindre…Frida l’Artiste est née. »
Et même au moment de sa fin de vie, en 1954, elle affronte la réalité avec courage.
« On doit amputer ma jambe gangrénée. Des pieds, pourquoi est-ce que j’en voudrais, si j’ai des ailes pour voler ? »
Alors qu’en guise d’adieu, cette artiste féministe, communiste, anticonformiste, écrit en travers de son dernier tableau « viva la vida » !
Magnifique exemple qui prouve que le pire peut être transcendé par la volonté farouche de la pensée.
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