Quantcast
Channel: Ariane Manfrino – L'1dex
Viewing all articles
Browse latest Browse all 124

“Une justice de carnotzet”

$
0
0

imagesFace à la déferlante d’articles, tant en Suisse qu’en France, voire même en Roumanie, relative au suicide du chef Benoit Violier et surtout aux informations d’escroquerie relatées par Bilan, j’avoue être étonnée des commentaires posés sur les réseaux sociaux.

Ainsi, au-delà du choc émotionnel causé par une telle disparition, il me semble intéressant de relever certaines proses invitant à la prudence et à la retenue. Surtout lorsqu’elles émanent d’un homme de presse qui vient m’expliquer, tout en me rappelant que les déclarations du procureur Dubuis, des avocats Ducrot et Rey « existent bien », que « le dossier compterait déjà des milliers de pages et aucune trace de Violier à titre de victime ou de plaignant… »
En prime, ce dernier m’informe que l’article de Bilan a été corrigé !

Que voici qui respire une réelle partialité, reconnaissant aux hommes de loi le privilège de la vérité !

Mais revenons donc à l’article de Bilan invoqué par mon interlocuteur. C’est bien vrai qu’il a été modifié. Toutefois, pas en infirmant quoique ce soit bien au contraire.
Mieux que cela, on nous lâche des sommes versées par des chefs Girardet et Rochat (700 000 frs), ainsi que Dominique Fornage (200 000 frs) pour l’acquisition de grands crus français jamais livrés.
Pour ce qui a trait à Benoit Violier, Bilan réaffirme que selon ses sources, le chef aurait lui aussi souscrit à l’achat de certaines bouteilles.

Le reste de l’article nous confirme aussi que l’escroc valaisan S. B., contrairement à certaines affirmations, avait bel et bien été un client de l’Hôtel de Ville de Crissier, fêtant notamment son anniversaire pour un coût de 500 000 frs.
Soucieux de donner la parole à l’homme d’affaires André Kudelski, membre du conseil d’administration du restaurant de l’Hôtel de ville, Bilan indique qu’il n’a pu obtenir de déclarations de ce dernier.

Bien, il est vrai dès lors que le doute plane et que ceux qui s’insurgent contre le magazine économique devraient être ravis de la lumière apportée sur ce dossier.

Non pas exclusivement celui des chefs, ni des autres nombreuses victimes de S.B, mais de l’autre volet de la société Private Finance Partners, aujourd’hui en faillite, et de son principal manager un bon gars de chez nous.

Et là, force est d’admettre que ces crapuleries ne manquent pas d’intérêt, bien que plus dans l’ombre que l’affaire des vins. Cette société logée aux Pays-Bas dont une vente d’actions surévaluées par S.B a lésé divers pigeons.

Personnellement, je suis fort étonnée que le haut magistrat Dubuis descende dans l’arène. À ce stade de l’enquête, n’en déplaise à mon détracteur, il n’a pas fait preuve de prudence et de retenue. Comment expliquer cet empressement à lâcher des informations? Il est vrai que l’homme a fait preuve de célérité dans l’affaire Giroud en expédiant le dossier dans le canton de Vaud.

Mais laissons donc la justice faire son travail diront certains. Oui, pas de problème lorsque cette institution a démontré sa parfaite compétence.
Toutefois, à la lueur des grandes affaires de notre canton, du cas Giroud, des reproches adressés au procureur Dubuis par Dick Marty, reconnaissons qu’il y a lieu de s’inquiéter.

Je relisais hier un article de 2001 d’Henri Carron, avocat, ancien député et ancien président de la Commission de justice au titre évocateur : « Une justice malade ». Article paru dans le Peuple Valaisan.
Force est d’admettre que rien n’a changé dans ce canton. Oserions-nous dire que c’est pire, lorsque l’on sait que bon nombre de « combines » sortent aujourd’hui?
Osons, car à cette mise à jour correspond un sentiment de profonde impuissance à constater que rien ne bouge.
Rien si ce n’est que l’1Dex et les médias hors canton ne se tairont pas fort heureusement.
Et même si les réseaux sociaux, sorte d’agora ayant remplacé le café du commerce, véhiculent toutes sortes d’informations vraies ou fausses, ils offrent le mérite de ne pas laisser dormir la justice !

Pour terminer , je laisserai à Henri Carron la conclusion de mon billet, lui qui disait : « les justiciables ne sont pas les seuls à souffrir de la politisation de la justice valaisanne. Les magistrats qui ont à cœur de faire honnêtement et consciencieusement leur travail à l’abri des pressions politiques sont découragés par les exemples qu’on leur donne et par l’image dont, par généralisation, ils souffrent à tort. »

Et cet éminent juriste évoquait même une « justice de carnotzet. » Ce lieu où verre en main, à l’abri des regards, se faisaient les saintes alliances politiques… Aujourd’hui, les grandes tables ont remplacé la simplicité d’autrefois, mais le résultat est le même. Sinon pire !

The post “Une justice de carnotzet” appeared first on L'1dex.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 124

Trending Articles