Juché sur une estrade, dans un des couloirs d’un grand centre commercial de Bucarest, Marian Basa dessine, à qui le désire, des portraits. Directement en face à face avec vous, ou sur une photographie, cet artiste s’exécute avec talent, sourire aux lèvres.
Tout ceci ne mériterait pas un article, tant il est vrai que bon nombre d’entre nous se souviennent de cette petite place de Montmartre où pour quelques dizaines d’euros on croque vos expressions.
Mais Marian Basa n’a rien de commun avec ces dessinateurs. Rien si ce n’est son art qu’ilexerce, lui, avec ses pieds.
Et oui, par la faute d’une sévère maladie congénitale (arthrogrypose multiple) ce jeune homme est privé de l’usage de ses bras.
De cet handicap invalidant, ajouté aux manques d’aide sociale dans un pays comme la Roumanie, rien n’aurait dû contribuer aux chances de succès pour Marian Basa. Rien si ce n’est une profonde détermination qui a vu cet enfant de famille très modeste franchir, une à une, les différentes étapes de sa construction.
« Quand j’étais petit, j’avais une énergie en moi, une réelle volonté de me débrouiller. Et cela, personne ne te le donne. »
Personne, mais aussi un entourage que Marian loue à plaisir. Ses parents qui l’ont aidé à franchir les obstacles l’un après l’autre, sa maman qui lui a appris à utiliser ses pieds.
« En fait, dès l’âge de trois ans, j’ai commencé à saisir un crayon avec mon pied gauche et à apprendre à écrire ! Dès cet instant, j’ai commencé à dormir avec un cahier et un crayon sous mon coussin.»
Cet apprentissage s’effectuera entièrement sous l’œil attentif de ses parents et verra Maria Basa entrer à l’école en sachant lire et écrire.
Louanges aussi aux enseignants qui ont parfaitement intégré l’enfant, lui assurant une égalité de chances avec ses camarades. Et ce dernier d’égrainer ses souvenirs, où jamais on ne perçoit la moindre plainte, bien au contraire.
D’une nature modeste, enjouée, cet artiste ne vous traduit que le positif, gardant pour lui les nombreuses difficultés qui n’ont certainement pas manqué de jalonner son chemin.
Un chemin qui l’a conduit jusqu’à la faculté d’arts plastiques de Bucarest où il accomplira une formation complète.
Aujourd’hui, Marian Basa expose ses œuvres picturales.
Quant à sa présence sur son estrade, jour après jour, elle s’explique par la nécessité de gagner sa vie.
La Roumanie n’est, en effet, guère généreuse en matière d’assurance invalidité. Comme elle n’est encore pas très active dans un programme de soutien pour des enfants handicapés.
Car, avouons-le, le parcours de Marian Basa relève de l’exploit dans ce pays.
Exploit d’autant plus grand que cet homme est devenu totalement autonome. De défi en défi, Marian a multiplié l’usage de ses pieds. En dehors de ces œuvres remarquables, ce dernier cuisine, s’habille, se lave les dents etc, seulement, grâce à sa parfaite dextérité « manuelle ». Avec ses pieds bien sûr!
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