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Marche Blanche: vers un succès populaire!

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Après le succès remporté par l’initiative marche blanche en 2008, relative à l’imprescriptibilité des abus sexuels, le peuple suisse s’apprête à retourner aux urnes le 18 mai prochain. Cette fois, l’enjeu est d’empêcher, à vie, les délinquants condamnés pour un délit sexuel avec des enfants ou des personnes dépendantes d’exercer une activité professionnelle ou bénévole avec des mineurs ou des personnes dépendantes.

Si l’on en croit les sondages, cette initiative devrait aisément passer la rampe de la consultation populaire. Et ce même si le Conseil fédéral juge que cette proposition est superflue, comme l’a confirmé Simonetta Sommaruga, cheffe du Département fédéral de justice et police. « Cette initiative va trop loin ». Trop loin parce que selon l’avis de la ministre, l’initiative introduit un automatisme et veut appliquer cette mesure à vie.

Autre argument évoqué par la cheffe, celui qui tend à affirmer que l’on traiterait comme un dangereux pédophile, par exemple, un jeune homme de 20 ans qui aurait une relation sexuelle avec une jeune fille de 15 ans ou qui aurait montré des vidéos pornographiques à un autre jeune de 15 ans.

J’avoue que j’ai de la peine à croire à un tel délire. Et Christophe Darbellay, conseiller national et coprésident du comité Marche Blanche, ne se gêne pas de contrer le Conseil Fédéral rappelant que ce qu’il nomme « les cas bagatelles » ne sont pas concernés par l’initiative.

En réalité, je me pose la question si la présence de l’UDC , et particulièrement d’Oskar Freysinger comme coprésident du comité de Marche Blanche, ne motive pas ces réactions épidermiques. Réactions absurdes et erronées, si l’on sait que l’ensemble des partis bourgeois (PDC , UDC,PLR, PBD) est représenté au sein du comité. Le procureur Paolo Bernasconi, venu lui aussi en renfort dernièrement, ne craint pas de dire « que les adversaires s’opposent d’abord aux partis qui soutiennent cette initiative. »

Il est vrai qu’une telle initiative dérange et que le principe « à vie » divise fortement la classe politique. Une fois encore, on nous parle de dérive sécuritaire, de populisme et d’émotionnel.
Est-ce une dérive sécuritaire que d’interdire à un pédophile condamné pour des actes graves de retourner sur les lieux de son crime ? Bon nombre de spécialistes évoquent la difficulté de « guérir » une telle déviance. Dès lors, il semble de bon sens de guider ces personnes vers d’autres voies que celles qui réveillent leurs pulsions.

Personnellement, j’ai vécu les premières heures de la Marche Blanche, voici déjà 13 ans. J’avoue avoir été convaincue de la démarche de Christine Bussat, fondatrice de ce mouvement. Lors de notre rencontre à l’occasion d’un article pour le NF, cette jeune femme débutait un engagement citoyen dont on connait, aujourd’hui, le fantastique développement.

Sa motivation ? L’émotion causée à l’époque par les découvertes sur Internet. Cette dernière venait d’apprendre qu’avec une simple carte de crédit certains commandaient des viols d’enfants en direct sur la toile. En se renseignant sur les moyens mis en œuvre par le gouvernement, Christine Bussat apprenait avec stupéfaction que des postes de travail à la cellule de surveillance du réseau Internet étaient supprimés.
S’ensuivit un appel lancé aux citoyens pour descendre dans les rues. 10 000 personnes, ce n’est pas rien, ont alors manifesté sous la bannière de la Marche Blanche.

En réponse à cette manifestation, le Conseil Fédéral annonçait douze agents supplémentaires.

Loin de s’arrêter, et face à l’inertie des autorités, les initiants obtenaient, non sans mal, l’imprescriptibilité des crimes sexuels. Un objet qui ne trouva pas un écho favorable auprès du Conseil des Etats et fut présenté au peuple.

Rien d’étonnant, dès lors, à ce que l’interdiction de travailler avec des enfants pour les pédophiles reprennent à nouveau le chemin des urnes. Une fois encore, face à la division de la classe politique, face à un contre projet «fantôme », absent de la consultation populaire, ce chemin s’imposait. Un chemin qui parait déboucher sur une acceptation de l’initiative.
Ce signal fort, on le sait, n’est pas du goût des opposants.
Mais au fait, ces derniers seraient-ils d’accord de confier leurs enfants à un pédophile ?

PScriptum : Précisons que le Conseil Fédéral ne peut pas faire campagne en raison du verdict flou des chambres fédérales.
En effet, alors que le Conseil des Etats appelle à dire non le 18 mai, le Conseil National quant à lui de donne aucun mot d’ordre.
Quant au comité contre l’initiative, il est bien maigre faute de combattants. Pas très courageux, les parlementaires, à l’exception de quelques uns, rechignent à contrer une telle initiative.

Site de la marche blanche : www.protegeons-les-enfants.ch

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