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Channel: Ariane Manfrino – L'1dex
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N’en déplaise aux négationnistes !

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AliceHerz-Sommer« Je n’ai pas de place pour la haine, ni le temps pour le pessimisme, je regarde du côté du bien, je sais que le mal existe mais je regarde les bonnes choses. » Cette philosophie de vie n’a cessé d’habiter Alice Sommer Herz, pianiste et professeur de musique tchèque, rescapée du camp de concentration de Theresienstadt. Une bien longue existence puisque cette femme hors du commun vient de s’éteindre à Londres à l’âge de 110 ans.

Au-delà de son dynamisme constant, de son immense talent, cette dernière cumule deux records. Celui de la pianiste la plus âgée du monde –jusqu’à son dernier souffle Alice promenait ses doigts sur les touches d’ivoire- et celui de la survivante de la Shoa la plus âgée du monde.

Toute son existence, Alice louera la vie. Nullement sénile, malgré son grand âge, cette dernière rendra hommage à cette musique qui lui permit de survivre dans l’horreur des camps.
Née à Prague en 1903, cette pianiste s’imposera très jeune comme une concertiste de grand talent. Puis en 1942, sans ménagement, les nazis déportèrent Alice et toute sa famille dans le camp de Terezin.
Rappelons les chiffres des horreurs commises en ces lieux. 140 000 juifs ont été parqués, 34 000 sont morts, 90 000 ont été envoyés vers les camps de la mort, principalement à Auschwitz et sur 15 000 enfants, seul un millier a survécu.

Alice, elle, vivra la déportation de son mari, la perte de sa mère, l’éloignement des siens vers d’autres horizons nazis !
C’est là que, comme d’autres musiciens, ses doigts magiques vont lui permettre d’espérer sortir de cet enfer. Pendant son triste séjour, cette musicienne hors pair donnera plus de 100 concerts à Terezin. On peut aisément imaginer la difficulté qu’a dû ressentir la pianiste à jouer pour ses bourreaux.

Toutefois, par la magie de son art, Alice et son fils résisteront. Libérée en 1945, elle prendra même part à un grand concert retransmis à la radio.
Encore une chance incroyable pour la déportée qui retrouvera, grâce à cette prestation, sa sœur jumelle exilée en Israël.
Israël, terre promise, terre de refuge, où Alice ira panser les plaies de son âme. Devenue professeur de musique à Jérusalem, elle demeurera dans ce pays jusqu’à ses 84 ans.
Son fils lui, devenu violoncelliste, s’est établi à Londres où Alice, à l’aube de ses 84 ans, le rejoindra.

Si je tenais à parler d’Alice aujourd’hui, c’est pour rappeler aux négationnistes, qu’au moment où disparaissent un à un les témoins de la Shoa, nous ne laisseront pas leur mémoire être polluée par les relents nauséabonds de l’antisémitisme. Il est loisible de critiquer la politique d’Israël. Il n’est pas admissible de mettre en doute ce qui a été un génocide effroyable, de nourrir la haine comme le fait Dieudonné et d’autres.
Qui mieux qu’Alice et son message d’amour, de respect, de tolérance et de joie de vivre peut nous insuffler l’optimisme indispensable à surmonter les difficultés de notre époque?

PScriptum Un livre, traduit en 7 langues, a paru sur cette histoire émouvante: Un jardin au milieu de l’enfer, éditions Droemer/Knaur.


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